Le RCT face à son passé, Castres sans complexe
Toulon : 70% – Castres : 30%. C’est la tendance que donne ce matin La Dépêche du Midi en prévision du deuxième match de barrage, entre le RC Toulon et le Castres Olympique ce samedi 14 juin 2025. Seul le vainqueur pourra poursuivre son parcours en rencontrant une semaine plus tard l’Union Bordeaux-Bègles pour la deuxième demi-finale de Top 14.
Mais pourquoi ce ratio 70/30 entre les deux clubs ?
Déjà, le match a lieu à Mayol, là où le RCT est maître chez lui – 12 victoires à domicile sur 13 rencontres de Top 14 ; la seule défaite dite « à domicile » est intervenue le 10 mai contre le Stade Toulousain (16-50)… mais au Stade Vélodrome (allez, ça compte pas). A l’inverse, le Castres Olympique n’a pas super réussi sa saison à l’extérieur, c’est le moins qu’on puisse dire : dix défaites, deux matchs nuls et une seule victoire (contre le Racing 92).
« Débarquer dans un temple du rugby comme Mayol, ça te transcende, que tu te fasses siffler ou insulter », prévient le deuxième-ligne Florent Vanverberghe, un ancien du RCT, arrivé à Castres en 2020. L’ouvreur Louis Le Brun renchérit : « Quand tu vas à Mayol, tu ne peux pas être relâché sinon tu te fais taper dessus.»
Sur les cinq dernières rencontres entre les deux équipes, Toulon compte deux victoires et le CO trois. Cette saison, le bilan est plutôt équilibré avec une victoire chacun (pour Castres c’était la première défaite de la saison lors de la deuxième journée). Selon les statistiques de RugbyPass, l’équipe qui marque le premier essai a 40% de chance de gagner quand l’équipe qui reçoit a 100% de chance de gagner – ce sont des probabilités qui valent ce qu’elles valent…
Alors que le RCT a aligné une grosse équipe, le CO compte dix joueurs qui n’ont aucune expérience à ce niveau de la compétition bien que le CO soit un habitué des barrages avec pas moins de neuf participations depuis l’instauration de ce système il y a 15 ans (contre 5 pour Toulon). Est-ce que ça fera vraiment une différence ?
Car ce qui compte vraiment pour le RCT notamment, c’est de ne pas recommencer l’erreur du passé, soit le match de barrage 2024 complètement raté contre le Stade Rochelais et dont le mauvais souvenir est encore dans toutes les têtes.
Il y aura donc cet esprit de revanche sur eux-mêmes (et les Castrais peuvent en faire les frais), mais aussi cette volonté de casser le plafond de verre qui leur résiste ; les Varois n’ont plus atteint les demi-finales depuis 2017. Cette année-là, c’est d’ailleurs la dernière fois que le RCT a accueilli Castres à Mayol pour le barrage. Les Toulonnais l’avaient emporté de justesse et de manière rugueuse 26-24. Dans les rangs se trouvait déjà Ma’a Nonu (qui sera sur le banc cette fois) et Mathieu Bastareaud (dans le staff). Une autre époque : Antoine Dupont était remplaçant pour Castres… Antoine Tichit jadis titulaire sera cette fois remplaçant comme Julien Dumora.
Les deux styles de jeu seront intéressants à observer. Solide en défense, endurant et conquérant, le RCT aura face à lui une équipe opportuniste jeune et sans complexe, qui ne sera pas prête à lâcher le morceau.
Le manager du CO Xavier Sadourny a prévenu ses joueurs : « ce qui peut être inquiétant dans un match de phases finales, c’est de se montrer un peu timoré. Parce que derrière, tu n’as pas de seconde chance et le stress peut t’amener à déjouer ». Ironiquement, c’est exactement ce qu’il s’est passé pour Toulon sur ses deux derniers quarts de finale perdus à Mayol : contre La Rochelle l’an passé en Top 14 et contre le Stade Toulousain cette année en Champions Cup.
Enfin, contrairement au premier barrage entre Bayonne et Clermont, cette fois le temps sera sec, légèrement nuageux au-dessus de Toulon, ce qui ne devrait pas donner un résultat comme la veille où l’ASM n’avait jamais réussi à mettre en place son jeu (ni à atteindre les 22 bayonnais) et où les pertes de balle et fautes de main avaient été nombreuses. De quoi faciliter justement les Castrais capables de fulgurances ?