La future Nations Cup, tremplin du Zimbabwe vers 2027
Héros de la qualification du Zimbabwe pour la Coupe du Monde de Rugby 2027 qui se jouera en Australie, Ian Prior voit dans la Nations Cup lancée dès 2026 par World Rugby un vrai tournant pour le rugby zimbabwéen. Après 36 ans d’absence, les Sables s’apprêtent à retrouver la scène mondiale.
Le Zimbabwe, qui n’avait plus participé à la Coupe du Monde de Rugby depuis 1991, a validé son retour en remportant une nouvelle fois la Rugby Africa Cup, au bout d’un match à suspense face à la Namibie, gagné 30-28 samedi dernier à Namboole, en Ouganda.
La première édition de cette Nations Cup, nouvelle compétition biennale de World Rugby, débutera l’an prochain. Le Zimbabwe y prendra part dans la deuxième division, grâce à sa qualification pour le Mondial 2027.
Avant ses deux sacres continentaux en 2024 et 2025, le Zimbabwe avait rarement eu l’occasion de se frotter à des adversaires de haut niveau. La Nations Cup va enfin offrir aux Sables un repère clair pour mesurer l’écart à combler avant de se frotter aux meilleures nations en Australie.
Le plateau complet n’a pas encore été officialisé, mais cette deuxième division regroupera les cinq autres équipes qualifiées par les tournois régionaux : la Géorgie, l’Espagne, le Portugal et la Roumanie pour l’Europe, ainsi que Hong Kong China, champion d’Asie.
« On est en discussions pour refaire une tournée en novembre — l’an dernier, on était partis en Asie pour affronter la Corée du Sud et les Émirats. Et ensuite, il y aura la Nations Cup », explique Ian Prior, ancien vainqueur du Super Rugby avec les Queensland Reds.
« Jouer ce tournoi face à des nations classées entre la 12e et la 24e place mondiale, ce sera un changement majeur. Pour la visibilité, pour l’expérience de nos joueurs et de notre staff. »

Ancien Baby Wallaby, sélectionné avec l’Australie U20 lors du Mondial 2010, Prior a choisi de représenter le pays de ses parents, le Zimbabwe, au début de la campagne 2024. En sept sélections, il n’a jamais perdu, a déjà deux médailles de la Coupe d’Afrique et rêve désormais de disputer une Coupe du monde chez lui, en Australie.
Il a été le grand artisan du sacre cette année, inscrivant 52 points – soit plus de la moitié du total de l’équipe – face au Sénégal, au Kenya puis à la Namibie.
Mais le demi de mêlée tient à saluer le rôle du sélectionneur Pieter Benade, ancien joueur de Currie Cup, ainsi que celui d’acteurs-clés dans les coulisses comme Kisset Chirengende (Sharks, Afrique du Sud) ou Lindsay Earle, en charge du Sables Trust. C’est ce noyau qui a permis au projet de prendre forme, en posant les fondations d’un cadre structuré pour que les joueurs puissent s’exprimer.
« Il y a environ 18 mois, ils se sont réunis avec une idée simple : il y a assez de talent au Zimbabwe, et dans la diaspora, pour bâtir une vraie équipe compétitive. Il fallait convaincre certains de revenir, bosser dur, et passer plus de temps ensemble. »
Grâce à ce travail, le Zimbabwe a atteint le meilleur classement de son histoire : 24e mondial. Prior estime qu’il y a encore un potentiel énorme… à condition de stopper l’exode des joueurs, comme celui qui a vu partir des talents comme Tendai « The Beast » Mtawarira (Afrique du Sud) ou David Pocock (Australie).
« Je ne pense pas que le Zimbabwe ait joué un seul test en 2023, après avoir raté la qualif pour la Coupe du monde en 2022. Donc aujourd’hui, le plus important, c’est d’avoir des matchs réguliers et de structurer un parcours cohérent pour les joueurs basés au pays. Un chemin clair des U16 jusqu’aux Sables, sans être obligé de s’expatrier pour jouer au niveau international.
« Il y a vraiment du talent ici. J’ai eu la chance d’assister à un match local entre St John’s et Falcon. Il y avait un jeune joueur, 18 ans, qui passait des drops à 53 mètres… Un talent incroyable.

« Regardez ce que World Rugby a fait avec les Fidji et la Drua. C’est ce genre de modèle qu’on doit mettre en place pour poser les bases du rugby zimbabwéen de demain. »
La stabilité du groupe, la continuité du staff et l’arrivée de joueurs d’expérience comme Prior, fort de plus de 100 matchs en Super Rugby (Reds, Brumbies, Force), ont contribué à faire naître une vraie dynamique au sein des Sables.
« Dans l’équipe, on avait un mélange de joueurs qui avaient connu plusieurs campagnes sans aller au bout, et d’autres qui avaient remporté la Coupe d’Afrique U20. Je pense que ça a créé une vraie conviction collective », explique-t-il, en décrivant l’état d’esprit du Zimbabwe avant la finale du week-end dernier.
« Toute la semaine, on sentait une confiance tranquille. Personne ne voulait le dire trop fort, par superstition. Mais on avait le sentiment que c’était notre moment. Qu’on écrivait une nouvelle page de notre histoire. Qu’on avait mérité notre place. »
« Dans le vestiaire après le coup de sifflet final, c’était beaucoup de soulagement… et une immense joie. On l’a fait. »
Cet article, publié initialement sur RugbyPass, a été adapté en français par Willy Billiard.
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