Face au haka : les coulisses de la préparation des Bleuets

L’équipe de France des Moins de 20 ans s’était préparée à ce défi en lever de rideau de leur demi-finale du Championnat du Monde U20 2025. Car affronter la Nouvelle-Zélande se résumait pour beaucoup à d’abord faire face au haka. Mais comment faire ?

Les deux dernières années, le haka avait été au centre d’une polémique chez les U20. Lors de l’édition 2023, la durée excessive (deux minutes) du rituel avait provoqué de l’agacement. En 2024, les Bleuets avaient mis en garde que le haka ne devait pas dépasser la minute trente, alors que les Baby Blacks en avaient performé un d’une minute quarante face au Pays de Galles en ouverture.

Mais ce qui avait choqué également c’était les gestes mimés de trancher la gorge en regardant les joueurs dans les yeux, rendant le face à face plus sportif qu’agressif. « Il y a des comportements visuels qui sont pas loin d’être similaires. En 2024, on doit continuer à respecter ce rite-là, mais les Néo-zélandais doivent le faire de façon plus sportive qu’agressive », avait prévenu le coach d’alors, Sébastien Calvet.

Énorme Haka des Baby Blacks pour défier les Bleuets dans cette demi-finale 💪#WorldRugbyU20s #rugby pic.twitter.com/FITQsZQW90

— RugbyPass FR 🇫🇷 (@RugbyPass_FR) July 14, 2025

Restait à savoir comment la génération 2005 et 2006 réunie en Italie cette année allait gérer ce moment. Les joueurs avaient beau dire avec bravade « le haka ou les Blacks, ça ne change rien », comme l’affirmait le talonneur de La Rochelle Gabin Garault (19 ans), cela restait un moment à appréhender avec précaution.

« On s’est quand même préparé à ce haka qui peut générer beaucoup d’émotions chez les mecs, surtout les nouveaux », confirmait en conférence de presse “l’ancien” Bleuet Fabien Brau-Boirie qui les avait déjà affronté deux fois par le passé. « Les deux matchs de l’an dernier m’ont permis d’acquérir de la maturité sur certains points, notamment le haka, comment savoir le gérer émotionnellement, garder ce sang-froid. »

Le staff avait donc cette année prévu une petite séance de sensibilisation au haka dans les salons de leur hôtel. Face au tableau, l’entraîneur chef Cédric Laborde fixait les règles de cet atelier de réflexion : « Qu’est-ce qu’il faut garder, et qu’est-ce qu’il vaut mieux éviter ? Et comment est-ce que vous imaginez le haka ? Dans votre tête, c’est quoi ? Comment vous vous le représentez ? Qu’est-ce que ça signifie pour vous ? Quel est, selon vous, l’objectif du haka pour les Néo-Zélandais ? Quelles intentions ils mettent dedans ? Quel effet ça doit avoir sur l’équipe adverse ? Et à l’inverse, qu’est-ce qu’il faut éviter dans notre réaction ? »

Sur les images rapportées par l’excellente capsule documentaire de la FFR Horizon Bleu – S7E03 : L’expérience en héritage filmée par Pierre Baty, on voit les jeunes deviser sur le haka et inscrire sur tableau blanc les mots clés qui traduisent ce qu’ils ressentent face au haka : intimider, déstabiliser, resserrer, peut provoquer l’excitation. Et un conseil écrit en majuscules : « ne pas porter trop d’attention ».

Rencontre

World Rugby U20 Championship

France U20

26 - 34

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New Zealand U20

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« Eux, c’est quelque chose qu’ils font tout le temps, à chaque match. Donc pour eux, ça change pas grand-chose », intervient Antoine Deliance. « Alors que nous, pour la plupart, on l’avait jamais vécu. Du coup, ce travail-là, ça nous a permis de réfléchir à comment nous on le percevait, et comment ceux qui l’avaient déjà vécu le voyaient aussi. Ils ont pu partager leur expérience, et ça nous a aidés à bien nous adapter pour le match de lundi. »

« Ce qu’il faut, c’est essayer », encourage Xan Mousques. « Parce qu’eux, le haka, c’est un truc qu’ils ont l’habitude de faire. Et nous, en tant qu’équipe, le vivre, c’est quelque chose d’inhabituel. Donc il faut réussir à garder cette habitude, essayer de retrouver ce qu’on fait d’habitude, même s’il y a le haka en plus. Donc l’idée, c’est de réussir à très vite se reconnecter. »

Les Bleuets n’avaient donc préparé aucune réaction, juste regarder, l’air sérieux et concentré, cette démonstration de force des Néo-Zélandais qui leur lançaient le défi de cette demi-finale. Malgré leur reconnection, les Bleuets ont encaissé deux essais dans les dix minutes suivantes et ont été battus 26-34.