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Le cas Woki : explication du nouveau traitement express du carton rouge

Sonny red

Deux joueurs, deux cartons rouges, deux sanctions dans les 24h suivant le match. L’un accepte et la page est tournée, l’autre refuse et une procédure plus longue est lancée. Quitte à retarder le XV de France dans sa préparation en vue de la tournée en Nouvelle-Zélande, le cas Woki mérite une explication.

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Lors du match de gala entre France A et Angleterre XV à Twickenham le 21 juin, l’ailier anglais Immanuel Feyi-Wabosoet le deuxième ou troisième-ligne français Cameron Woki ont d’abord reçu un carton jaune, puis rouge après passage par le bunker. Le premier pour une cravate sur Antoine Hastoy, le second pour une charge à l’épaule sur le talonneur Jamie George.

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Dans les 24h, tout aurait pu être réglé. L’Anglais a accepté la sanction proposée : une suspension de trois matchs, qu’il pourra réduire à deux s’il suit un stage de sensibilisation sur les techniques de plaquage. Pas Cameron Woki qui a décidé de contester. Ce cas illustre un nouveau dispositif disciplinaire hors-terrain qu’a souhaité tester World Rugby sur la fenêtre internationale de juin/juillet et, justement, à commencer par ce match. Ca tombe très bien.

Ce système, baptisé Foul Play Review Committee (FPRC) – Commission d’examen du jeu déloyal – s’inspire du modèle en vigueur dans l’hémisphère sud et sera appliqué dans plusieurs compétitions dont la tournée des Lions britanniques en Australie, les championnats du monde U20, la Pacific Nations Cup et la Coupe du Monde de Rugby féminine. Il s’agit d’un test, avant une possible généralisation en 2026.

Pourquoi ce changement ?

L’objectif est clair : accélérer le traitement des cas de jeu dangereux, fluidifier la procédure et éviter les polémiques inutiles entre un carton rouge et la décision officielle, qui met parfois trois ou quatre jours à tomber. Trop long, trop flou, et surtout pas adapté au rugby d’aujourd’hui, explique pour RugbyPass Brian Hammond, juriste à World Rugby.

« Avant, c’était très inspiré du système judiciaire britannique. C’était comme un mini-procès, assez formel. On veut maintenant une approche plus rugby, plus rapide, moins procédurière », résume-t-il.

Mode d’emploi de la Commission d’examen du jeu déloyal

Le carton rouge de 20 minutes a déjà été testé, et c’est désormais au tour de la Commission d’examen du jeu déloyal (FPRC) d’être mise en place, près d’un an après. L’idée est d’obtenir suffisamment de retours pour évaluer ce qui fonctionne ou pas, et ajuster le dispositif avant un éventuel essai à l’échelle mondiale en 2026.

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Jusqu’alors, le joueur fautif devait se présenter devant une commission disciplinaire complète composée de trois personnes : un juriste qualifié et deux anciens joueurs ou entraîneurs expérimentés. En fonction de sa disponibilité, il fallait parfois deux jours pour organiser l’audience. Le joueur ou son représentant légal pouvait alors transmettre une déclaration écrite pour expliquer pourquoi, selon lui, ce n’était pas un carton rouge ni une faute de jeu. L’audience durait en général quelques heures, on passait les images, on épluchait les rapports des officiels de match, on écoutait les arguments… Puis le panel se retirait pour délibérer et rendait sa décision.

« Désormais, juste après le coup de sifflet final, une Commission d’examen du jeu déloyal est convoquée si un joueur a été exclu ou cité. Elle est composée d’un juriste et de deux experts rugby. Le joueur peut envoyer sa version des faits par écrit, et World Rugby n’y répond pas », détaille Brian Hammond, juriste à World Rugby.

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« Prenons un exemple : un joueur des Lions prend un rouge pour un plaquage haut, jugé comme une erreur technique. Si la FPRC propose trois matchs de suspension, le joueur peut accepter cette sanction. Dans ce cas, il n’y a plus besoin d’audience. »

Quelles sont les fautes examinées par cette Commission ?

La Commission examinera toutes les fautes de jeu déloyal. « En revanche, pour les incidents les plus graves, elle pourra décider de transmettre l’affaire à une commission disciplinaire complète, afin d’avoir une vue d’ensemble plus détaillée », prévient le juriste.

« Dans ce cas-là, la Commission se réunit le lendemain du match. Le joueur peut envoyer une déclaration pour expliquer, par exemple : “Il y a eu un changement de hauteur, je n’ai pas fait exprès”, ou toute autre forme de circonstance atténuante qu’il souhaite faire valoir. »

Le comité examine les déclarations, les images du match, et délibère à huis clos. À ce moment-là, le responsable disciplinaire de World Rugby contacte le manager de l’équipe pour lui signifier la sanction. Si le joueur accepte, c’est terminé. Il suit le programme de révision technique, la sanction démarre immédiatement, et il n’y a pas besoin d’audience ni de complications en pleine semaine de match. C’est ce qu’a fait Immanuel Feyi-Wabosoet.

Il a toujours le droit de contester. S’il estime que la décision n’est pas juste, il peut demander une audition disciplinaire traditionnelle, comme auparavant. « Ce droit reste toujours ouvert au joueur », insiste le juriste. C’est ce qu’a fait Cameron Woki.

Premier objectif : accélérer la procédure disciplinaire

L’objectif principal est d’accélérer sur la procédure disciplinaire ; souhait qui avait été formulé lors de la conférence Shape of the Game en 2024. « L’idée qu’un joueur attende trois ou quatre jours pour connaître sa sanction n’est plus tenable dans le sport d’aujourd’hui. Et s’il y a appel, il peut découvrir la décision finale à la veille du match suivant… Ce n’est bon pour personne », détaille Hammond.

« Avec ce nouveau système, si le joueur et le staff estiment que la sanction proposée par la FPRC aurait de toute façon été validée par une commission classique, ils peuvent l’accepter et tourner la page. Ça aide l’entraîneur à trancher rapidement pour ses choix et à organiser la semaine d’entraînement plus sereinement. »

Deuxième objectif : éviter le bruit de fond

L’autre gain principal, c’est d’éviter le vide laissé entre l’expulsion d’un joueur et la décision finale. Ce vide, on le connaît : il est souvent rempli par les polémiques, les ralentis, les zooms sur les réseaux sociaux… et des procès publics bien avant la moindre audition.

« Avec la FPRC, World Rugby espère désamorcer ces tensions rapidement, avec des décisions rendues dans les 24 à 36 heures », plaide Brian Hammond.

Lors des derniers championnats du monde U20 et du WXV en 2023, sept cas ont été jugés via un système proche, avec des suspensions de deux ou quatre matchs proposées. Tous ont été réglés rapidement, sans recours. « Une preuve claire que les équipes et joueurs sont prêts à aller vite et à tourner la page », note Hammond.

Et les limites du système ?

La FPRC peut proposer une sanction, un avertissement ou renvoyer le cas devant une commission disciplinaire classique. Pour les fautes plus graves (violence excessive, insultes envers les officiels de match…), une audience complète restera la norme.

La FPRC ne peut pas non plus annuler un carton rouge : pour cela, seul un passage devant la commission disciplinaire complète le permet. La fenêtre de citation est également raccourcie : 12 heures après la fin du match, avec 4 heures pour soumettre un incident au commissaire à la citation. Pour la tournée des Lions, par exemple, la FPRC se réunira dans les 17 heures suivant le match, et toute audience devra avoir lieu dans les 48 heures.

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