Ballon taille 4,5 pour les femmes : une adaptation nécessaire ?
Le rugby, comme beaucoup d’autres disciplines collectives, a longtemps été pensé selon des normes masculines : dimensions du terrain, règles… mais aussi taille des ballons.
En juillet dernier, RTS Sport publiait sur Instagram une vidéo intitulée « Et si le foot avait été créé pour les femmes ? ». Cette publication s’appuyait sur une étude menée par l’Université de Trondheim (Norvège), démontrant que les femmes fournissent davantage d’efforts pour évoluer dans des disciplines historiquement conçues pour les hommes. L’un des exemples cités : le ballon, plus lourd à manipuler proportionnellement à leur masse corporelle. À titre d’analogie, les hommes devraient jouer avec une balle de basket pour ressentir le même déséquilibre.
Vers un ballon de rugby adapté
Dans la continuité de ces recherches, le rugby teste actuellement une nouvelle dimension de ballon, de taille 4,5, mieux adaptée aux capacités physiques des joueuses — notamment à la taille de leurs mains. Ce principe d’adaptation existe déjà dans d’autres sports, comme le basket féminin, qui utilise des ballons plus petits.
Un ballon légèrement réduit (taille 4,5 au lieu de 5) pourrait améliorer le grip, la maniabilité et donc la qualité du jeu : passes plus précises, offloads plus fluides, gestuelle plus naturelle. La masse du ballon restant la même, il ne devrait pas être plus sensible au vent. Seule la taille diminue, pour faciliter la manipulation.
Des tests déjà en cours
Après avoir été expérimenté lors des compétitions internationales U18 et U20, ce ballon est désormais testé sur le circuit mondial à 7.
Jusqu’à 18 ans, les jeunes joueuses évoluent déjà avec des ballons taille 4. Passer au format senior (taille 5) impose donc un changement brusque d’habitudes et de sensations. Cette adaptation intermédiaire pourrait rendre la transition plus naturelle.
Pour l’heure, aucune certitude que le ballon taille 4,5 soit adopté en rugby à XV international, mais les World Series offriront un test grandeur nature. Si les joueuses valident le concept, il pourrait rapidement se généraliser.
Un impact sur le jeu au pied
L’introduction d’un ballon plus petit pourrait entraîner quelques ajustements techniques, notamment au jeu au pied. Si la masse reste inchangée, la puissance ne devrait pas être affectée ; en revanche, la prise en main, le lâcher et la zone d’impact pourraient légèrement évoluer. Un temps d’adaptation sera nécessaire, surtout pour les buteuses.
Expérience personnelle…
Au niveau international, les ballons de match sont souvent des Sirius de la marque Gilbert, d’une qualité remarquable : valve sur le côté et pression vérifiée. En club, les modèles varient – Gilbert, Be Rugby, ou d’autres marques – avec des pressions parfois différentes, un grip inégal, voire des training balls peu performants.
Lors de la Coupe du monde, des ballons spéciaux ont été utilisés, modifiant mes repères. En tant que buteuse, j’ai mis du temps à retrouver ma frappe. Alors, s’il m’a fallu m’adapter à un simple design différent, je mesure le défi d’un changement de format complet.
Une évolution prometteuse
À terme, cette adaptation pourrait être bénéfique pour le spectacle, le niveau de jeu et la visibilité du rugby féminin. Une évolution naturelle pour un sport qui cherche à mieux épouser la morphologie et les besoins de toutes ses pratiquantes.