Scott Robertson sous pression
Après une première année plutôt poussive à la tête des All Blacks, Scott Robertson joue gros. Le nouveau patron du rugby néo-zélandais doit rapidement prouver que sa vision peut rimer avec victoires — et pas seulement au tableau d’affichage, mais aussi dans le contenu.
Arrivé début 2024 dans les pas d’une finale de Coupe du monde perdue d’un souffle, Robertson héritait pourtant d’un groupe expérimenté. Mais le traumatisme des mois précédant le Mondial avait laissé des traces, au point de fragiliser la position de son prédécesseur Ian Foster. Autant dire que l’ancien troisième ligne, passé par Perpignan à la fin des années 1990, n’avait pas le droit à l’erreur.
Son arrivée s’est faite avec la promesse d’un renouveau, autant sur le terrain que dans la communication. Plus accessible, plus moderne, le personnage tranche avec ses aînés.
« C’est vraiment un storyteller, différent des autres sélectionneurs néo-zélandais qui pouvaient être brusques et grincheux », confie à l’AFP le journaliste James McOnie (Sky), proche de l’ancien coach des Crusaders.
Ses pas de breakdance au milieu de ses joueurs après chaque titre avec la franchise de Christchurch (six entre 2017 et 2023) ont marqué les esprits et incarné ce vent de fraîcheur. Mais en Nouvelle-Zélande, la forme ne suffit pas. Il faut aussi – et surtout – gagner. Et de manière spectaculaire.
Une première saison en demi-teinte
Quatre défaites en quatorze rencontres, dont deux face aux Springboks, une contre l’Argentine et une autre contre la France, ont entaché le début de mandat. Sans parler de plusieurs succès obtenus sans vraiment convaincre.
« Nous avons toujours su qu’il y aurait une phase d’apprentissage. Mais nous savons, et c’est ce qu’il dit cette année, que cette saison sera plus claire (…) En dehors du terrain, il y a une meilleure compréhension des exigences liées aux déplacements, à la logistique, aux impératifs commerciaux », explique à l’AFP Mark Robinson, directeur général de la fédération néo-zélandaise.
Car il faut le rappeler : les All Blacks sont la première équipe nationale senior que Robertson dirige, lui qui n’avait jusque-là entraîné que les U20 néo-zélandais, champions du monde en 2015.
Son projet de jeu, rapide, précis, inspiré du mouvement permanent cher aux Crusaders, demande un timing impeccable. Or, lors du premier test face aux Bleus à Dunedin (victoire 31-27), ses joueurs ont multiplié les fautes de main, révélant les ajustements encore nécessaires.
Jouer malgré les éléments
« Je pense que beaucoup de choses nous sont désormais beaucoup plus familières. Nous nous comprenons mieux, après avoir été ensemble ces deux dernières années. Maintenant, il s’agit juste de faire en sorte que tout s’aligne », assurait vendredi le capitaine Ardie Savea, propulsé leader en l’absence de Scott Barrett.
Mais samedi, les All Blacks devront composer avec une météo capricieuse à Wellington : vent fort, pluie, pelouse détrempée… et un match féminin juste avant, entre les Black Ferns et l’Australie, qui devrait encore abîmer le terrain.
Pas de quoi freiner l’enthousiasme du sélectionneur : « Nous allons continuer à créer du jeu. Si une dépression arrive depuis le détroit de Cook, nous nous adapterons mais nous jouerons aussi bien contre le vent que sous la pluie. Notre intention est d’utiliser nos capacités autant que possible », a-t-il affirmé jeudi.
Reste à voir si les planètes vont enfin s’aligner. « La greffe se fera dans les six mois à un an. La première année, c’était plutôt un patchwork », tranche James McOnie. Les Français, eux, espèrent que l’opération prendra un peu plus de temps.

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