Yannick Bru, le Toulousain qui a métamorphosé Bordeaux-Bègles
Yannick Bru était capitaine lors de la dernière finale de Top 14 perdue par Toulouse. C’était en 2006, contre Biarritz, et le Stade Toulousain avait totalement sombré (40-13).
Depuis l’arrivée de Yannick Bru à sa tête en 2023, l’Union Bordeaux-Bègles a changé de visage. Plus qu’un simple manager, l’ancien talonneur international a importé à Bordeaux une méthode, une culture, un esprit de conquête. Et un peu de l’ADN du Stade Toulousain, qu’il retrouvera samedi en finale du Top 14, un an après une lourde défaite face à ce même adversaire (59-3). Cette fois, l’UBB n’a rien d’un outsider.
Une inspiration venue de la Garonne
Entre Bordeaux et Toulouse, il y a un lien évident : la Garonne. Et un pont, celui que Yannick Bru a construit depuis son arrivée sur les rives girondines. Déjà, Laurent Marti, président de l’UBB depuis 2007, avait conservé une affection pour son ancienne maison toulousaine, lui qui avait porté le maillot des Espoirs rouge et noir dans sa jeunesse.
Mais pendant longtemps, les Girondins ont cherché la bonne formule. Marti a testé tous les profils : des techniciens créatifs comme Marc Delpoux ou Vincent Etcheto, un nom du rugby tricolore en devenir avec Raphaël Ibanez, un pari anglais avec Rory Teague, un sélectionneur expérimenté en fin de cycle avec Jacques Brunel, puis Christophe Urios, dont le style a fini par heurter la dynamique du club.
Bru, l’homme de la bascule
Il fallait un homme pour franchir le cap des trois demi-finales consécutives entre 2021 et 2023. Cet homme, c’est Yannick Bru. Multiple champion de France et d’Europe comme joueur puis entraîneur au Stade Toulousain, passé par le XV de France et les montagnes russes de Bayonne, il revient d’Afrique du Sud, où il a exercé avec les Sharks. Une diversité d’expériences qui enrichit aujourd’hui le projet bordelais.
Dès sa première saison, l’effet est tangible : finale de Top 14, certes perdue, mais déjà un changement de statut. Et surtout, en 2025, le premier grand trophée : la Champions Cup, décrochée face à Northampton. « J’avoue que je n’avais pas cerné à quel point cette compétition était magique. S’il n’y avait pas eu Yannick, on ne la gagnait jamais », avoue Laurent Marti. « Il m’a convaincu qu’il fallait la jouer à fond. Je sentais presque qu’il la préférait au Top 14 ! »
Le souffle sud-africain
Mais Bru, ce n’est pas qu’un palmarès. C’est aussi une philosophie. Marti évoque « l’état d’esprit, la bienveillance, l’humilité, la solidarité », des valeurs qu’il incarne au quotidien. Et une science du détail qui a tout changé : « la stratégie offensive, la technique individuelle, les attitudes au contact », détaille Jefferson Poirot. Avec son staff, Bru a affûté une ligne de trois-quarts étincelante surnommée « la Patrouille de France », tout en solidifiant un pack longtemps critiqué.
Maxime Lamothe parle d’une « adhésion immédiate » du groupe. Poirot ajoute : « Yannick a amené avec lui une vraie culture du travail, notamment sur les rucks, offensifs et défensifs. Beaucoup de ce qu’il a appris en Afrique du Sud nous est utile aujourd’hui ».
Un défi personnel
Ce samedi, face au Stade Toulousain, Yannick Bru joue peut-être plus qu’un titre : une forme de reconnaissance, presque intime, face à un club qui l’a façonné. Mais c’est aussi une manière de tourner une page. Son passage à Bordeaux est déjà une réussite. Mais un doublé avec la Champions Cup ? Ce serait historique. Et un symbole fort. Celui d’un club longtemps dans l’ombre de Toulouse, désormais prêt à marcher dans ses pas.

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