Jérôme Bosviel (Montauban), vétéran du rugby, rookie du Top 14 : "C'est un jeu pour lui, il s'amuse"
Après une carrière à arpenter les terrains de Pro D2, Jérôme Bosviel, ouvreur à l’ancienne et personnage atypique, découvre le Top 14 à 35 ans avec le promu Montauban, promis à l’enfer cette saison. Au moment d’entrer dans la catégorie des vétérans, le numéro 10 de l’USM en est à 12 points en Top 14. Un total famélique à cet âge-là, mais qui cache un record impressionnant à l’étage en-dessous, avec 2.920 points inscrits en Pro D2 et le titre honorifique de meilleur réalisateur de l’histoire de ce championnat.
Considéré par le manager maison Sébastien Tillous-Borde comme « un grand artisan » du sacre surprise des Montalbanais la saison dernière, synonyme d’accession à l’élite, Bosviel y fait ses premiers pas, enfin, et tentera d’aller chercher la première victoire de la saison à Sapiac, samedi contre Montpellier (16h35). Présent au club depuis 2016, le buteur et chef d’orchestre de l’USM voudra faire parler son pied, sa marque de fabrique, et s’est déjà illustré en inscrivant le premier drop de la saison lors du revers contre Lyon, après en avoir passé dix sur la seule saison dernière.
Qui d’autre que Jérôme Bosviel pour inscrire le premier drop de cette saison ? 😏
Un de plus pour l’ouvreur de l’ @UsmSapiacRugby 🔟 #TOP14 pic.twitter.com/BoamtVcGFP— TOP 14 Rugby (@top14rugby) September 13, 2025
« Il s’amuse »
« Avec l’arrivée du nouveau staff, il y a eu un élan de jeunesse, il a été entouré par des garçons à l’énergie débordante, et c’est ce dont il a besoin pour distribuer au mieux autour de lui. Il a excellé dans l’animation, la gestion et le jeu au pied, c’est l’une des raisons à l’excellente saison de Montauban », estime l’arrière Thomas Girard, son adversaire pendant près d’une dizaine d’années en Pro D2 avec Colomiers et désormais dans le staff de Provence Rugby.
« Ses chandelles vrillées sont insupportables à attraper, à l’entraînement on s’amuse mais on n’y arrive jamais », sourit son coéquipier et ami de longue date Maxime Mathy. Pour le centre, qui a déjà suppléé Bosviel dans l’exercice du tir au but, le Bergeracois révélé à Périgueux, possède un « superpouvoir ». Il se souvient notamment d’un drop de 50 mètres inscrit en 2017 lors d’un match décisif pour la qualification face au Colomiers de Thomas Ramos.
Ses adversaires redoutent ce jeu au pied qui a fait des malheurs durant ses 299 matches en deuxième division, à commencer par ses fameuses chandelles, susceptibles de semer la panique dans les défenses. « Les équipes se préparaient de façon spécifique à ça, même si c’était difficile à anticiper. À une époque, c’était la spécialité de Montauban de taper une chandelle sur le premier temps de jeu. Elles allaient tellement haut que toute l’équipe pouvait monter », souligne Thomas Girard.
Jérôme Bosviel revient sur ses débuts en #TOP14 💬
Compétition qu’il découvre après 9 saisons sous le maillot de @UsmSapiacRugby en #PROD2 ! pic.twitter.com/WwtfVtTlE9
— TOP 14 Rugby (@top14rugby) September 10, 2025
Il a refusé le Stade toulousain
Le demi d’ouverture détonne aussi au niveau de l’attitude : relâché dans son jeu, il n’est pas moins décontracté en dehors du terrain, s’affichant en famille sur les réseaux sociaux lors des célébrations du titre en juin, parfois une cigarette à la main. « C’est un jeu pour lui, (…) il s’amuse », explique à l’AFP Mathy, qui loue néanmoins des qualités physiques au-dessus de la moyenne, en dépit d’un gabarit qui tranche quelque peu avec les standards du Top 14. « Il va très vite ! Chez nous, parmi les trois-quarts, c’est le troisième mec le plus rapide. Il peut être très fort en musculation et c’est un peu frustrant pour les autres. Ça n’est pas une force de la nature mais il a des facilités », juge le Montalbanais.
Des qualités qui auraient pu et certainement dû lui ouvrir les portes d’une autre carrière, en Top 14. Une division qu’il n’avait pas connue jusqu’à aujourd’hui, non pas par absence d’opportunité mais par choix, lui qui a refusé des offres de clubs huppés dont une du Stade toulousain pour rester à Montauban auprès de son père malade.
Avant de se jeter dans le grand bain du Top 14, Bosviel oscillait entre amusement et méfiance, quelques minutes après avoir mis la main sur le bouclier en juin : « À titre personnel c’est beau, parce que j’ai fait toute ma carrière en Pro D2. Après, on va quand même éviter de finir en fauteuil roulant. Le Top 14, c’est un autre monde… ». Il le découvre aujourd’hui, avec ses yeux de jeune premier et ses jambes de 35 ans.
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