Mathieu Babillot, à jamais Castrais : "J'aurai cette fierté de me dire que j'aurai été l'homme d'un club"
À Castres, Mathieu Babillot perpétue la tradition des joueurs emblématiques qui se plaisent tellement au CO qu’ils n’en bougent jamais. Comme Romain Teulet ou Rodrigo Capo Ortega avant lui, le troisième ligne international (5 sélections) a pris le parti de faire l’ensemble de sa carrière professionnelle dans le club tarnais, qui l’a accueilli lorsqu’il était tout jeune et avec qui il a prolongé cette semaine son bail jusqu’en 2028.
Pour RugbyPass, il raconte son lien indéfectible avec le Castres Olympiques et pourquoi s’inscrire un peu plus dans la durée avec lui était tout sauf un sujet.
Est-ce que vous réalisez que vous avez fait vos débuts à Castres il y a douze ans déjà ?
“J’essaie de ne pas me rappeler que ça fait aussi longtemps que je suis là mais forcément, quand je vois des jeunes débarquer qui ont plus de 10 ans de moins, ça fait bizarre. Mais j’ai toujours faim et envie de compétition et de performance donc tant que je garde ça, les signaux resteront au vert.”
Quel regard portez-vous sur l’évolution récente du jeu du CO, bien plus porté vers l’offensive qu’à vos débuts ?
“Le mec qui ne connait pas trop le rugby va rester sur cette image ancienne de Castres, les valeurs, club de pénibles… Celui qui s’y intéresse vraiment va voir en revanche que notre jeu a énormément évolué. Quand on compare celui qu’on avait lors de notre titre de 2018 avec Christophe (Urios, ndlr) et aujourd’hui, c’est le jour et la nuit. Alors bien-sûr, tout ne fonctionne pas toujours parfaitement et ce n’est peut-être pas tout le temps aussi bien huilé que chez des équipes comme Toulouse ou Bordeaux, mais on est en train d’évoluer. J’espère qu’on arrivera encore cette année à montrer une image du Castres Olympique toujours capable de ferrailler mais aussi de proposer un rugby complet.
Vous n’avez jamais autant joué avec Castres sur une saison que l’année dernière. Vous sentez-vous encore, à bientôt 32 ans, à votre prime rugbystique ?
Je me sens vraiment bien mentalement et psychologiquement. Ma compagne m’aide beaucoup, elle fait très attention à tous les à côtés. Boire la bière de moins après le match, être plus soucieux de la diététique… ça compte forcément plus au fil des années. Quand tu es jeune, tu peux te permettre des choses car tu récupères plus vite. Mais arrivée la trentaine, tu sens que tu payes cher chaque écart. J’essaie de mettre le maximum de chances de mon côté pour être performant et ça m’a plutôt bien réussi la saison dernière.
“Celui qui veut me pousser dehors devra vraiment se la donner et se battre car je ne vais pas lui rendre la tâche facile”
Où puise-t-on la motivation de se dépasser au quotidien quand cela fait autant de temps qu’on est dans le même club ?
“Je ne sais pas (rire). Je crois que c’est en moi. J’aime la compétition et j’aime gagner. Que je joue aux cartes ou au ping-pong, je veux gagner. Quand je vois les jeunes arriver, je me dis que celui qui veut me pousser dehors devra vraiment se la donner et se battre car je ne vais pas lui rendre la tâche facile. Si je dois mourir, ce sera les armes à la main en ayant donné le maximum. Je sais qu’à la fin, quand je me retournerai, je n’aurai aucun regret là-dessus.”
Mathieu Babillot nous dévoile les secrets de l’alimentation d’un sportif de haut niveau 😂 🍗 pic.twitter.com/fJYkyprv9y
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On dit de vous que vous aimez bien brancher et “manger le cerveau” de vos adversaires ainsi que des arbitres. Est-ce une caractéristique que vous assumez ?
“On parle souvent de dominer l’adversaire physiquement, mais l’aspect mental est aussi hyper important. J’ai grandi avec des super compétiteurs comme Rory Kockott, Benjamin Urdapilleta et Rodrigo Capo Ortega. J’ai beaucoup appris à leurs côtés. J’essaie désormais d’insuffler ça à la nouvelle génération et j’espère qu’il y en aura un derrière moi qui prendra le relai et fera pareil.”
Vous semblez pourtant loin de ce personnage en dehors du terrain…
“Il y a clairement deux Mathieu. Celui sur le terrain, qui est chiant, oui, mais qui va surtout tout donner pour son équipe pour gagner car c’est ce qui est le plus important. Et puis une fois que le match est fini, je redeviens le vrai Mathieu, très sociable, souriant, qui va vers les autres. Mais je ne peux pas être ce Mathieu-là sur le terrain, ce n’est pas possible.
Ça s’est passé lors d’un La Rochelle – Castres il y a 8 ans ! 📆
Mathieu Babillot se fait chambrer par monsieur Charabas 😂
Cette fois, le capitaine Castrais devra faire preuve de caractère pour arracher une victoire à domicile💥
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“Le jour où j’aurai des enfants, ce sera une fierté de pouvoir leur dire ce que papa a fait ici à Castres”
Vous avez resigné jusqu’en 2028. Jusqu’à quand vous voyez-vous jouer au rugby ?
“J’ai encore faim de rugby et j’ai toujours cette petite flamme en moi qui me tire vers le haut. Le jour où elle ne sera plus là et que j’aurai perdu cette envie de batailler au quotidien à l’entraînement pour tirer les autres avec moi, ce sera le moment de se poser les bonnes questions et se dire que l’heure est sûrement venue d’arrêter. Pour l’instant, ce n’est pas le cas.
Ce lien fort avec le CO a dû rendre les discussions autour de votre prolongation très faciles avec votre président Pierre-Yves Revol…
“On a la chance à Castres d’avoir un club très bien dirigé par un président qui sait de quoi il parle. Cela fait depuis plus de 30 ans qu’il occupe cette fonction, il a aussi été président de la Ligue et je le dis, c’est un Monsieur du rugby français. On n’en parle pas assez car il aime être discret mais je suis très reconnaissant de ce que Pierre-Yves Revol a fait pour moi, pour le club et pour la ville.”
Vous resterez le joueur d’un seul club. N’imaginez-vous pas parfois ce que votre carrière aurait pu être en ayant le fait le choix de partir ?
“À l’heure actuelle non. Peut-être qu’à la fin de ma carrière, je me demanderais : “Et si tu avais bougé ?”, “Et si tu avais connu autre chose ?”. On dit parfois que l’herbe est plus verte ailleurs mais je ne sais pas si c’est vrai. J’aurai aussi cette fierté de me dire que j’aurai été l’homme d’un club, et d’avoir construit ce lien si spécial avec cette ville de Castres. Ils m’ont tout donné ! Ils m’ont permis de me construire en tant que joueur, en tant qu’homme et d’avoir la vie qui est la mienne aujourd’hui. Je n’ai jamais triché ici, j’ai toujours tout donné et je pense avoir représenté le maillot de la meilleure façon possible. Le jour où j’aurai des enfants, ce sera une fierté de pouvoir leur dire ce que papa a fait ici à Castres.”
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