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Martín Castrogiovanni raconte ses 3 saisons dissolues en Top 14

Martin Castrogiovanni, joueur du Racing 92, portant un masque de Zlatan Ibrahimovi? lors du match de Ligue 1 entre le PSG et Nantes au Parc des Princes, le 14 mai 2016. (Photo : Jean Catuffe / Getty Images)

Ça fait 10 ans que le pilier international italien Martín Castrogiovanni (43 ans, 119 sélections) a été recruté par le Racing 92 (2015-2016). Grande gueule du rugby international (188 cm pour 110 kg), il ne s’est pas fait que des amis dans le milieu, jouant la personnalité de l’électron libre tant qu’il a pu.

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Pour la première fois, celui qui est encore considéré comme une rockstar en Italie (il vit actuellement à Rome) évoque en détail ce passé en France au cours duquel il a joué successivement sous les couleurs du RCT (2013-2015) puis celles du Racing 92. Et dans les deux cas, tout ne s’est pas si bien passé.

« J’aimais bien faire ch… Johnny Wilkinson »

A Toulon où il débarque en 2013 après avoir joué pour les Leicester Teigers, Castro aura joué 40 fois sur deux saisons. Mais le relationnel a visiblement été difficile pour ce personnage au fort caractère.

« Quand tu arrives dans un club en France, faut venir tôt. Si tu viens en retard, tu dois dire bonjour, bonjour… en Angleterre tu fais juste “hey boys, hello”. En France, non. Tu dois serrer toutes les mains », raconte-t-il dans le podcast Kick Offs and Kick Ons diffusé sur RugbyPass TV.

« Et là c’était Laporte (Bernard, l’entraîneur du RCT à l’époque, ndlr). Celui qui a été arrêté, ou presque… un sale type, ouais. Bref. Il passe dire bonjour. Genre quand il voyait (Matt) Giteau, parce que Giteau avait joué pour l’Australie : “oh hello, hello, how are you”. Pareil pour Drew (Mitchell), il jouait pour l’Australie : “hello hello”.

« Il arrive devant moi, il tend la main comme ça, molle (Castro détourne le regard en racontant). Moi je lui attrape la main et je lui dis : “si tu veux me dire bonjour, tu me regardes dans les yeux, comme tu fais avec les autres”. Et ça, c’était mon premier jour. »

Un début qui ne s’est pas arrangé par la suite. « J’aimais bien faire ch… Johnny Wilkinson », rigole Castro. « Il m’a bloqué sur son téléphone, parce que, quand on partait avec l’équipe… lui, c’était le mec, le meilleur, je pense. Mais il était devant dans le bus, il ne parlait à personne, concentré deux jours avant le match. Et moi, j’essayais de le faire rire. Je lui envoyais plein de vidéos crades, des trucs vraiment pas terribles. Et après trois ou quatre voyages, il m’a bloqué. Je crois qu’il n’avait plus envie de me voir. Mais moi je voulais juste le faire rire. »

Martin Castrogiovanni lors du match de Champions Cup entre Leicester et Toulon au Welford Road, le 7 décembre 2014. (Photo : Shaun Botterill / Getty Images)
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Brian Habana a aussi fait les frais de la lourdeur du personnage. Après deux saisons, voilà donc Martín Castrogiovanni sur le départ. Il serait resté plus longtemps, il aurait retrouvé une vieille connaissance à lui : Richard Cockerill, l’entraîneur avec lequel il s’était fritté un peu plus tôt lorsqu’il était à Leicester.

Sa brouille avec Richard Cockerill

Avant de passer une saison à Toulon (2017) puis une autre à Montpellier (2023), Cockerill a commencé sa carrière d’entraîneur à Leicester dès 2005 et jusqu’en 2016. « J’ai eu une grosse embrouille avec Cockers, tout le monde le sait », raconte l’ancien pilier italien. « Je pense que ce qui s’est passé c’est avec Coley, tu sais Dan Cole. Lui il a fait une énorme carrière aussi, c’était un des meilleurs piliers des Tigers. Il avait 19 ou 20 ans, il arrivait. Et moi j’étais payé une fortune. Alors ils ont essayé de me pousser dehors, de me faire chier, et ils y sont arrivés.

« Et moi je n’étais pas du genre à fermer ma gueule. Je disais toujours ce que je pensais. J’ai été suspendu parce que j’ai dit un mot qu’il ne faut pas dire en Angleterre. Mais je ne savais pas, parce que j’ai appris l’anglais dans le vestiaire, et tout le monde disait ce mot-là. Moi aussi. »

En froid avec Richard Cockerill – qu’il surnomme “cockers”, un jeu de mot avec “b…” en anglais – Martín Castrogiovanni situe la goutte d’eau qui a fait déborder le vase au retour d’un match perdu contre Toulon, justement. « Certains joueurs ont balancé des trucs pour me chauffer, genre “l’argent ne fait pas gagner les matchs”. Alors j’étais encore en serviette, j’ai pris ma serviette et je suis allé dans la salle de presse. Lui, il était encore en conférence. Moi, j’étais encore en serviette, j’ai dit “fuck this”, et je suis entré. »

Il porte alors un t-shirt au message explicite : “Love me or hate me, I don’t hate anyone, peace and love. I just don’t like c*nts”, que l’on peut traduire (en plus modéré) par : “Aimez-moi ou détestez-moi, je ne hais personne, peace and love. J’aime juste pas les cons”.

« Cette phrase, je l’ai sortie en plein milieu, face aux caméras. Ils m’ont demandé : ” Tu veux dire quoi ?” J’ai juste dit ça », révèle-t-il. C’était alors son dernier jour à Leicester…

Son very bad trip à Vegas

Recruté par le Racing 92 après son expérience infructueuse avec Toulon, là encore, tout ne va pas se passer comme prévu pour lui, comme pour le club. Seulement six feuilles de match en une saison (2015-2016). Non retenu pour la demi-finale de Champions Cup que le Racing dispute face à son ancien club des Tigers, il décide de partir en virée… à Las Vegas, avec des joueurs du PSG dont le mythique Zlatan Ibrahimovi?, alors au sommet de sa carrière.

« Tu sais, parfois on te fait comprendre des choses sans te le dire. Moi j’avais déjà joué quatre Coupes du monde, beaucoup de tests avec l’Italie. Et là, tu sens quand les coachs veulent se foutre de toi : tu es numéro 25, juste pour faire l’échauffement. Normalement je le fais toujours, mais ce jour-là… », commence-t-il.

« Ce que les gens ne savent pas, c’est que ce matin-là je me suis réveillé avec une phlébite. Je vais voir le docteur, il me dit : “Tu ne peux pas jouer, tu ne peux pas voler.” Et moi j’ai fait l’erreur de dire : je pars en Argentine voir ma grand-mère qui n’était pas bien. En vrai, j’avais quatre jours de repos et je pouvais faire ce que je voulais.

Martin Castrogiovanni avec le Racing 92 lors du match de Top 14 face à Toulouse au stade Ernest-Wallon, le 17 avril 2016. (Photo : Pascal Rondeau / Getty Images)

« Le club, quand ils ont capté ça, ils ont dit qu’il y avait entraînement vendredi, samedi, dimanche, ce qui était faux. Ils ont fait comme dans le contrat : trois fautes, trois strikes, et ils m’ont viré. La vérité, c’est que j’avais quatre jours off. Oui, j’ai menti un peu, mais j’étais libre de faire ce que je voulais. »

Sauf que tout le monde ne prend pas un avion privé pour se rendre à Las Vegas à chaque jour de repos… « C’était les Argentins : Di Maria, Lavezzi, Pastore, Verratti… Et Zlatan », poursuit Castro. « Moi j’étais pote avec Lavezzi. Ils avaient gagné leur troisième titre, ils m’ont invité à la fête avec leurs familles, comme on le fait nous en rugby. Le lendemain matin, ils me disent : “Tu viens avec nous ?” J’ai regardé mes jambes, j’ai demandé au médecin. Il m’a dit : “Si tu mets les bas de contention, tu peux voler huit heures”. Alors j’ai dit ok. Et le reste appartient à l’histoire. »

Sauf que ce week-end-là, une photo fuite et fait le tour du monde. On le voit sur un balcon, torse nu et lunettes de soleil à côté de Zlatan faire un mouvement de danse du type que celui que Trump reprendra des années plus tard sur les Village People, alors qu’il était censé être en Argentine au chevet de sa grand-mère…

« J’avais éteint mon téléphone et le lundi j’ai commencé à recevoir plein de messages : le club, les gens, les photos, la presse… tout commençait à sortir », se souvient-il.

« Et sur le chemin du retour, Zlatan me dit : “Castro, t’inquiète, demain en conférence je dirai que maintenant le rugby est plus célèbre grâce à moi, parce que t’étais avec moi.” Et le lendemain, quand il a marqué un but, il a fêté ça en faisant ma danse. La danse de Castro, dans le coin du terrain. »

Cet épisode aura provoqué la fin de sa carrière. Viré du Racing peu de temps après, il mettra un terme à sa carrière internationale en décembre 2016.

« Le seul truc que j’ai demandé au club, c’est de pouvoir aller devant mes coéquipiers et leur dire pardon, en face. Ils ne m’ont pas laissé. À la française : ils m’ont viré comme un chien, et interdit de revenir. Mais bon… je gagnais bien ma vie, je ne jouais plus, et eux ne voulaient plus de moi. Et moi, de toute façon, je n’avais plus envie de jouer au rugby. C’était la fin. Voilà comment j’ai arrêté », regrette-t-il.

Et son ancien coéquipier du RCT Drew Mitchell d’ironiser : « Tu vois, en rugby il n’y a pas de rockstars. Lui, il a joué 119 tests, personne s’en rappelle. Mais une soirée à boire avec Zlatan, et tout le monde s’en souvient. »

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