Louis Carbonel a trouvé la foi

Si l’on a l’habitude de dire que le rugby est une religion dans tel ou tel pays, au sens propre (comme aux Fidji) ou au sens figuré (comme en Nouvelle-Zélande), la religion n’est pas un sujet que l’on traite spontanément dans le milieu rugbystique en France. peut-être parce que dans ce pays laïc la religion doit restée une affaire privée même si chacun est libre de l’afficher ou non.

Dans une longue interview accordée à nos confrères du Midi Olympique, le demi d’ouverture du Stade Français Louis Carbonel l’affirme pourtant sans détour : « J’ai découvert la spiritualité, j’en suis très heureux et ça m’aide beaucoup. Je prends d’ailleurs beaucoup de plaisir à m’intéresser à ces choses-là. Cela me permet de retrouver le plaisir sur le terrain », affirme-t-il.

Le don

Et si l’on parcourt tout l’entretien sous le prisme de la foi, tout fait sens. Ainsi cette générosité, cette envie de donner aux autres, lui qui entraîne cette année une équipe de jeunes, comme il l’a prouvé lorsqu’il a tapé la pénalité de la gagne contre le Stade Rochelais samedi 11 octobre, alors que les cloches (tiens, tiens) venaient de résonner à Jean-Bouin : « j’étais convaincu que les « gros » allaient faire le boulot. J’avais une très grande confiance en eux. Ensuite, j’avais à cœur de les récompenser. Ils ont fait un match énorme, à l’image de leur début de saison. Rien que pour ça, je ne pouvais pas rater », raconte-t-il.

L’abnégation

Ensuite, l’abnégation, le fait d’avoir accepté sans broncher d’avoir été écarté en fin de saison dernière par son entraîneur Paul Gustard, celui-là même qui lui a ensuite redonné les clés depuis le début de la saison : « Paradoxalement, je ne l’ai pas si mal vécu que ça parce que depuis quelques mois, j’ai entrepris un très gros travail personnel que j’avais déjà entamé lorsque je jouais à Montpellier. En clair, je me suis fait aider et accompagner sur le plan psychologique. J’en avais besoin.

SUR LE GONG 🤯

Louis Carbonel offre la victoire au @SFParisRugby dans le temps additionnel 🔥
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— CANAL+ Rugby (@CanalplusRugby) October 11, 2025

« Avec le recul, j’ai le sentiment d’avoir été beaucoup trop exigeant avec moi-même. J’étais mon propre ennemi. J’en ai tiré et en tire encore des leçons. Pour ce qui est du choix de Paul, je l’ai respecté. À ce moment-là de la saison, nous avions besoin d’aller tous dans la même direction pour sauver le club. Souvenez-vous que jusqu’à la dernière journée, le risque de relégation n’était pas écarté. J’ai donc d’abord pensé à l’équipe avant de penser à moi », dit-il.

L’esprit de communauté

Puis vient l’esprit de communauté – « je crois que nous pouvons nous féliciter d’avoir traversé cette période difficile avec beaucoup de résilience. Le groupe a fait corps, est resté uni » – et de résilience – « On apprend des moments compliqués, il y a toujours un enseignement à tirer. Ça nous fait grandir ».

En plus, Louis Carbonel ne se formalise pas : on veut l’échanger avec Enzo Hervé pour qu’il retourne à Toulon ? « Je l’ai vécu assez positivement. Dans tous les cas, je savais que ça serait bien pour moi », répond-il. Il ne sait pas sous quelles couleurs il jouera deux semaines avant la reprise ? « Je suis revenu avec l’envie de réussir de belles choses, de montrer ma vraie nature », insiste-t-il.

L’espoir

Aidé psychologiquement, le champion du monde U20 2018 et 2019 croit en sa chance et attaque cette nouvelle saison plein d’espoir : « Je crois au destin, au fait que certains ont des parcours plus linéaires que d’autres, et que mon chemin de vie est ainsi fait. J’ai appris à l’accepter et je travaille en conséquence », assure-t-il.

Et visiblement le Stade Français est aussi touché par la grâce : deuxième au classement général après la sixième journée alors que l’an passé le club s’est battu jusqu’au dernier match pour éviter la relégation. Presque un miracle. « Nous devons, évidemment, rester humbles. Ce n’est pas parce que nous avons gagné quelques matchs, que nous sommes pour l’instant en haut du classement, qu’il faut s’emballer », met-il en garde.