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Finale Top 14 et Elite 1 : même affiche, réalités opposées

Antoine Dupont (Stade Toulousain) célèbre avec le Bouclier de Brennus et les supporters après la finale du Top 14 remportée face à l’Union Bordeaux-Bègles, au stade Vélodrome de Marseille, le 28 juin 2024. (Photo : Nicolas Tucat / AFP)

Paris et le Stade de France s’apprêtent à accueillir une nouvelle fois la finale du Top 14, ce samedi 28 juin, avec une affiche identique à celle de l’an dernier : Stade Toulousain contre Union Bordeaux-Bègles. En 2024, Toulouse avait balayé l’UBB à Marseille (59-3) (le Stade de France étant réservé pour les JO de Paris 2024), un écart qui aurait sans doute suscité de vives critiques si une telle finale avait eu lieu dans le cadre du championnat féminin.

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Mais le rugby masculin en France bénéficie d’un ancrage historique, incarné par le Bouclier de Brennus, que les deux finalistes se disputeront samedi soir. Ce trophée mythique, noir et or, a servi de plateau, de planche de surf, voire de quilles dans un bowling improvisé où le joueur lançait sa tête en guise de boule… Polyvalent, on vous dit !

Mis en jeu pour la première fois en 1892, le Bouclier a été attribué chaque année depuis, sauf durant les deux guerres mondiales. Une réplique a même été créée en 2004 tant l’original avait vécu. Toulouse l’a soulevé 23 fois, un record. Une 24e couronne serait historique, alors que l’UBB, titrée récemment en Champions Cup, cherche encore son premier Bouclier depuis la fusion en 2006 entre le Stade Bordelais et le CABBG.

Le Top 14 est aujourd’hui considéré comme le championnat domestique le plus relevé du monde. Et quand on retrace le parcours du Brennus, difficile de contredire cette réputation.

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Pourtant, à force de comparer, on en oublierait presque que les femmes aussi jouaient au rugby dès le XIXe siècle. Dès 1880, à Paris, on codifie la « barette », un jeu de ballon très proche du rugby, pratiqué dans les écoles et entre régions. Pendant que le premier Brennus est remis, le rugby féminin trace déjà sa propre histoire.

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Certaines règles régionales permettaient, par exemple, de former une mêlée en cercle, avec le ballon lancé au centre. Le jeu reprenait lorsqu’il en ressortait. Une idée à creuser quand on voit les mêlées s’écrouler aujourd’hui…

Quand le rugby n’était pas « approprié » pour les femmes

La barette a prospéré jusqu’aux années 1930, avant que le rugby moderne ne prenne le relais. En 1941, le régime de Vichy interdit aux femmes la pratique de nombreux sports. En 1969, le rugby est déclaré « inapproprié » pour les femmes. Ce n’est qu’en 1982 que la FFR autorise l’Association Française de Rugby Féminin à organiser la pratique. Cette même année, la France joue son premier match international à Utrecht, victoire 4-0 contre les Pays-Bas. En 1989, la FFR reprend la gestion du rugby féminin.

Deux histoires parallèles, mais aux trajectoires opposées. Quand les hommes attirent des foules et touchent 50 000 € par mois, certaines joueuses d’Élite 1 paient de leur poche pour jouer, sans indemnités ni remboursements.

À Grenoble, les Amazones ont récemment protesté pacifiquement en portant un autre maillot pour dénoncer l’incertitude qui pèse sur leur avenir. Le club annonce 30 000 € de pertes et n’a pas tenu ses engagements financiers.

50 000€/mois pour les joueurs – 10 000€/an pour les joueuses

D’un côté, certains joueurs du Top 14 touchent plus de 50 000 € par mois. De l’autre, des joueuses de l’élite féminine gagnent à peine 10 000 €… par an. Et quand les moins bien rémunérés chez les hommes tournent à 21 000 € mensuels, les moins chanceuses en Élite 1 perdent de l’argent chaque semaine, faute de remboursement des frais ou de la moindre indemnité.

Face à cette réalité, les Amazones de Grenoble, pensionnaires de la première division, ont mené une action symbolique : elles ont porté un maillot totalement différent lors d’un match à l’extérieur pour alerter sur le flou qui entoure l’avenir de leur section. Le club annonce un déficit de 30 000 € cette saison et n’a toujours pas réglé les frais promis aux joueuses. Aucune solution ne leur a été proposée.

À Paris, le malaise prend une tournure bien plus grave. Plusieurs membres de l’équipe féminine du Stade Français ont récemment dénoncé des propos ouvertement homophobes et sexistes tenus par un dirigeant. Suspendu dans un premier temps, ce dernier a pourtant été maintenu à son poste pour la saison prochaine.

Certaines joueuses ont porté plainte. D’autres, terrifiées à l’idée de parler, ont raconté avoir été menacées de « destruction » si elles quittaient le club. Un climat toxique, malheureusement pas isolé dans le sport féminin.

Encore plus troublant : l’attitude du directeur général du club, lui-même ancien joueur professionnel, resté sourd aux alertes. Sa décision de reconduire le dirigeant mis en cause en dit long.

Un système qualifié de « domination et d’exclusion » par des voix internes au club. Des mots forts, mais tristement familiers à bien des joueuses en France et ailleurs.

La finale Bordeaux-Toulouse chez les filles aussi

Et pourtant, malgré ce contexte, le rugby féminin continue d’écrire de belles pages. Cette saison, la finale de l’Élite 1 a opposé, comme chez les hommes, le Stade Toulousain au Stade Bordelais. Une affiche de haut niveau, remportée par Bordeaux 32-24, qui s’offre un troisième titre consécutif. Le match s’est joué à Clermont-Ferrand, en lever de rideau d’un match de Top 14, devant plusieurs milliers de spectateurs.

Pauline Bourdon-Sansus, demi de mêlée de Toulouse et cadre des Bleues, a pris la parole après la rencontre. Elle a réclamé un arbitrage « juste et cohérent » dans l’Élite 1. Un message fort… à la veille d’une mauvaise nouvelle : elle vient d’écoper de deux matchs de suspension. Résultat : elle manquera le Crunch de préparation face à l’Angleterre le 9 août, ainsi que le premier match de la phase de poules de la Coupe du monde 2025.

Cet article, publié initialement sur RugbyPass, a été adapté en français par Willy Billiard.

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