D'où vient l'échec des Bleus sur la discipline ?

36. C’est le nombre de pénalités que le XV de France a encaissé sur l’ensemble des trois tests d’automne avec une moyenne 12 pénalités par rencontre quand, sur un test, est toléré un grand maximum de huit à dix pénalités. À partir de 12-13, ça devient franchement problématique. Et c’est notamment l’une des causes des tracas des Bleus, l’une des raisons pour lesquelles le sélectionneur Fabien Galthié ne peut que constater que l’équipe de France n’est « pas au même niveau » qu’il y a quatre ans.

« Il y a quelque chose qui est récurrent, qui est identifié, mais qu’on n’a pas encore totalement rectifié, c’est la maîtrise de nos positions défensives sans le ballon. C’est-à-dire la capacité à tenir l’échange sans se mettre à la faute », relevait le sélectionneur Fabien Galthié en conférence de presse après la victoire face aux Wallabies. « Face à l’Australie, on doit être à huit fautes dans nos 22. Donc vous défendez cinq coups de pénaltouche, c’est basique. »

Le demi de mêlée Maxime Lucu a d’ailleurs reçu un carton jaune, le premier de sa carrière internationale, juste avant la fin de la première période, pour l’ensemble des fautes des Bleus. « Oui, la faute y est, mais c’est sûr qu’on avait répété cinq ou six fautes dans nos 40 mètres », concédait-il. « On a fait six ou sept fautes dans une zone qu’on avait ciblée la semaine dernière contre les Fidji. On n’a pas su la corriger cette fois-ci non plus, donc il faut arriver à le faire, parce que contre des grosses nations et sur des matchs importants ça nous coûte très cher, on l’a vu contre les Sud-Africains.

« On défend dans les 22 mètres sur des mauls portés et on se met à la faute bêtement. C’est beaucoup plus difficile de rester sans faire de faute dans les 22 que dans les 40 ou 50 mètres. Il faut éviter ces ballons, ces fautes-là dans le milieu du terrain, parce que c’est ça qui nous met en difficulté. »

Pour le clin d’oeil, cette exclusion pour dix minutes de Maxime Lucu a permis à l’arrière Thomas Ramos de se tester… à la mêlée, lui qui a déjà joué à l’ouverture.

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— France Rugby (@FranceRugby) November 23, 2025

En zone mixte, le vétéran Gaël Fickou, capitaine contre l’Afrique du Sud, avait du mal à cacher son incompréhension face au phénomène. « Je pense qu’on a fait six ou sept fautes en première mi-temps qu’on aurait pu éviter, qui leur ont permis de venir à cinq mètres de nos lignes et de marquer trois essais », remarquait-il. « Je pense que la discipline sur cette tournée nous a beaucoup coûté et c’est bien d’en avoir conscience, parce que contre ces nations-là on n’aura pas de marge d’erreur. C’est une évolution à avoir.

« C’est vrai que sur cette tournée, je ne sais pas ce qui s’est passé, il faudra avoir un retour à froid, mais on n’a pas été hyper performants dans ce domaine-là. À nous de nous améliorer. En plus, on a Jérôme (Garcès, ndlr) qui fait un super boulot. On l’a travaillée, mais il y a des trucs à faire évoluer. C’est vraiment, je pense, la grosse marge d’évolution qu’on a. Défensivement je trouve qu’on est en place. Bon, on s’est fait briser deux-trois fois, mais comme toutes les équipes durant un match. Mais ce qui nous a vraiment coûté, c’est l’indiscipline et de défendre des ballons portés. »

Depuis des années, l’ancien arbitre international Jérôme Garcès, sacré arbitre de l’année 2019 aux World Rugby Awards au lendemain de sa finale de la Coupe du Monde de Rugby entre Afrique du Sud et Angleterre, a intégré le staff tricolore. Un renfort qui a porté ses fruits dans la foulée, mais le groupe est retombé dans ses pires travers. Conséquence directe : 12 essais encaissés en trois matchs.

« Ce n’est pas du retard, c’est juste que les performances sont moins flamboyantes qu’il y a quatre ans, ça c’est une certitude »

« C’est beaucoup trop, c’est vraiment un point d’amélioration nécessaire, même si dans le rugby moderne aujourd’hui il y a quand même un gros avantage à l’attaque. Mais on doit faire mieux, on doit faire mieux défensivement, on doit retrouver une assise défensive », reconnaissait Fabien Galthié en focalisant sur les huit pénalités reçues dans la zone des 22 contre l’Australie, et notamment les pénalités sur plaquages. « Là il y a quelque chose à travailler. C’est ce qu’on essaie de faire. La ligne de hors-jeu aussi, la position de la ligne de hors-jeu. »

Pour sa part, Fickou refuse la fatalité. « Ce n’est pas du retard, c’est juste que les performances sont moins flamboyantes qu’il y a quatre ans, ça c’est une certitude », dit-il. « Mais c’est des cycles aussi et je suis convaincu que ce ne sont que des étapes et qu’il faut les franchir sereinement, rester concentrés, travailler dur et rester humbles comme on le fait, et tout ça va bien se passer. J’espère en tout cas… »