Édition du Nord
Select Edition
Nord Nord
Sud Sud
Mondial Mondial
Nouvelle Zélande Nouvelle Zélande
France France

Coupe du Monde de Rugby féminine : comment Bruce Lee a inspiré le Canada

Les joueuses du Canada se rassemblent en cercle pour célébrer leur victoire après le quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 contre l’Australie à l’Ashton Gate de Bristol, le 13 septembre 2025. (Photo : George Wood / World Rugby via Getty Images)

Il y a une légende qui tourne depuis quelques années autour de l’équipe féminine du Canada. Légende selon laquelle, un jour, il y a près de trois ans, le coach français Kevin Rouet est arrivé à un entraînement au début d’une tournée avec un livre sous le bras : Be water, my friend, écrit par Shannon Lee, la fille du maître des arts martiaux, Bruce Lee. Au début, les filles, ça les a fait marrer. Et puis, de manière naturelle et profonde, tout a changé.

ADVERTISEMENT

Dans son coin, avec ses méthodes, le Canada a travaillé de façon besogneuse. D’une élimination en phase de poule à la Coupe du Monde de Rugby 2017 en Irlande (il n’y avait alors pas de quart de finale et le Canada a terminé 5e), à terminer au pied du podium en Nouvelle-Zélande en 2022 (4e) puis se qualifier pour une deuxième demi-finale trois ans plus tard en Angleterre (contre la Nouvelle-Zélande ce vendredi 19 septembre), le Canada s’est progressivement installé au sommet mondial du rugby. Sans grands moyens. Avec de la détermination et de la passion. En s’adaptant.

Difficile de ne pas voir une influence certaine de ces « enseignements spirituels de Bruce Lee » (sous-titre du livre de Shannon Lee) qui a conduit à ce que le Canada est devenu aujourd’hui : deuxième nation mondiale (derrière l’Angleterre et devant la Nouvelle-Zélande).

L’adaptabilité

« En vrai, c’est venu par hasard », révèle pour RugbyPass Kevin Rouet. Ce jour-là, le terrain d’entraînement n’était pas bon. Le Canada connaît l’antienne, a contrario des nations qui ont plus de moyens et qui s’entraînent dans des centres taillés pour elles. Pour le Canada, il s’agit toujours de s’adapter à ce qui leur est proposé : trop ci ou pas assez ça à domicile, un terrain trop gras en Australie, trop éloigné en Nouvelle-Zélande… Mais jamais les conditions optimales.

Kevin Rouet, sélectionneur du Canada, lors du match de poule B de la Coupe du Monde de Rugby féminine 2025 contre l’Écosse à Sandy Park, à Exeter, le 6 septembre 2025. (Photo : Bob Bradford / CameraSport / Getty Images)

« Que ça soit dans notre entraînement, dans notre cadre d’entraînement, on doit toujours s’adapter. Pareil, on n’a pas toujours des coachs de façon régulière. Il y a des staffs qui tournent, toutes ces choses-là », explique Rouet.

« Par conséquent, dans ‘Just be water my friend’, c’est juste accepter que tout ne sera pas parfait. Tu dois vivre avec. C’était un peu ça l’idée à la base. Et ça s’est intégré dans notre façon de jouer, car dans notre façon de jouer, ce n’est jamais parfait non plus. Et parfois, de l’imperfection on crée quelque chose de bien. C’est un peu ça l’idée. Et maintenant, on l’a complètement intégré. »

N’avoir aucune limite

Pour Bruce Lee, la métaphore de l’eau était un principe important pour comprendre la base. « Dans son essence, l’eau s’écoule. Elle trouve son chemin autour (ou même à travers) les obstacles. Mon père appelait cela “n’avoir aucune limite” », écrit Shannon Lee. « L’eau s’adapte à son environnement et à ses circonstances, et peut donc aller dans n’importe quelle direction où elle trouve un passage. Cette ouverture et cette souplesse signifient qu’elle est toujours en état de disponibilité, mais une disponibilité naturelle, simplement en étant pleinement elle-même. Être comme l’eau, c’est réaliser ta version la plus entière, naturelle et accomplie de toi-même, là où tu vis autant que possible dans le courant de la vie tout en traçant ton propre chemin.

« Dans ‘Just be water my friend’, c’est juste accepter que tout ne sera pas parfait. Tu dois vivre avec. Et parfois, de l’imperfection on crée quelque chose de bien… »

« Pour quiconque a déjà dû faire face à une fuite, il est parfois déroutant de comprendre comment l’eau est entrée et où elle a fini par aller. Parfois, il faut arracher tout un mur ou un plafond pour découvrir d’où elle vient et comment elle se fraie un chemin jusqu’à sa destination. »

Shannon Lee raconte cet épisode où une fuite a été décelée un jour dans son bureau. Trois fois un artisan est venu et malgré toutes ses tentatives, l’opération est restée vaine et jamais il n’a pu trouver d’où venait précisément la fuite. « L’eau arrivait d’un peu partout et s’infiltrait à travers le mur de l’étage supérieur », raconte-t-elle. « Aussi pénible que cela ait été pour nous, pourquoi est-ce admirable de la part de l’eau ? Parce que l’eau ne se laisse pas décourager. Elle allait trouver un passage, ou même plusieurs. Elle continuerait à avancer jusqu’à rencontrer un obstacle, et puis, si c’était nécessaire, elle changeait de trajectoire et continuait à s’écouler. Elle utilisait “l’absence de voie comme voie”. En d’autres termes, elle avançait sans limite possible. Et elle continuait, sans aucune limite.

ADVERTISEMENT

« C’est ça, la manière d’être de l’eau. Elle est inarrêtable. Et même si le mot “water” n’apparaît nulle part dans les principes centraux de mon père, cette idée en est parfaitement le reflet : que l’eau est indomptable. Elle a creusé des canyons dans les montagnes pendant des siècles. Alors qu’est-ce qu’il faut pour être inarrêtable comme l’eau ? »

Fort de ces principes – et de bien d’autres développés dans le livre – Kevin Rouet a insufflé à l’équipe du Canada cette résilience et cette détermination qui font sa force aujourd’hui.

Beaucoup de filles de l’équipe ont lu le livre et se sont plongées dans ces enseignements, permettant de mettre des mots sur des émotions, des idées, des schémas de pensée comme celui-ci, théorisé par « empty your cup », une invitation à se débarrasser du superflu, à faire le vide dans son esprit pour mieux intégrer de nouvelles choses utiles.

ADVERTISEMENT
Rencontre
Women's Rugby World Cup
New Zealand Women
19 - 34
Temps complet
Canada Women
Toutes les stats et les données

« Il a implanté chez moi sa façon de vivre », confirme Laetitia Royer. « Et puis cet aspect-là de “empty your cup”, “you know nothing”, d’être tout le temps à l’affût par ce qu’il y a tout le temps à apprendre, tout le temps à améliorer, à être fluide. Si tu es capable d’être “like water”, tu peux t’infiltrer partout. Je pense que ça reflétait bien l’idée. »

Même si les Black Ferns, prochaines adversaires du Canada, ne l’ont pas verbalisé de la même façon, leur coach Allan Buntin est un fervent partisan de cette façon de voir les choses. « Quand tu veux réaliser de grandes choses, l’adaptabilité est essentielle », affirme-t-il. « Les filles ont un super instinct, il faut savoir voir les choses et réfléchir vite. Évidemment, elles (les Canadiennes) vont avoir des combinaisons qu’on n’a jamais vues, donc il faudra les lire très vite, s’ajuster et prendre les bonnes décisions. »

Cette façon de s’adapter sera la clé de la réussite.

Related


ADVERTISEMENT
Play Video
LIVE

{{item.title}}

Trending on RugbyPass

Commentaires

0 Comments
Soyez le premier à commenter...

Inscrivez-vous gratuitement et dites-nous ce que vous en pensez vraiment !

Inscription gratuite
ADVERTISEMENT

Latest Long Reads

Comments on RugbyPass

Close
ADVERTISEMENT