À Agen, la douce embellie après la galère : "Je suis heureux pour nos supporters qui étaient dépités"
Agen est sans nul doute la belle surprise de ce début de saison de Pro D2. Sous la houlette de son nouveau manager Mauricio Reggiardo, le SUA a remporté ses quatre derniers matchs après un faux départ à Nevers (54-17) et occupe la tête du championnat aux côtés de Colomiers.
Une situation qui tranche avec la dernière saison galère des Agenais, qu’ils ont bouclé juste au-dessus de la zone rouge. Une bouée d’air aussi pour leur président Jean-François Fonteneau, qui revient pour RugbyPass sur cette longue traversée du désert et sur les perspectives plus roses qui s’ouvrent pour son club.
Quel regard portez-vous sur le bon début de saison du SUA ?
« Il est forcément très satisfaisant ! On avait l’ambition de faire des choses plus intéressantes que lors de nos deux saisons précédentes. Même si on est un peu décimés par les blessures, il y a une belle connexion et une belle dynamique. Il me semble que l’arrivée de notre manager Mauricio (Reggiardo, nldr) apporte plus de sérénité et d’expérience. »
Savourez-vous plus particulièrement ce retour à des résultats positifs, après les déboires connus par votre club ces deux dernières saisons ?
« Je suis heureux pour nos supporters qui étaient dépités. Mais je suis surtout content pour les joueurs car l’équipe n’a pas beaucoup changé depuis l’an dernier. Cela veut bien dire qu’il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas bien. C’est aussi toujours un peu plus difficile, quand ça ne va pas, pour les clubs historiques, avec parfois le poids de l’histoire un peu lourd à supporter.
Le SUA agen rugby nous ravit à chacune de ses sorties. On commence à y prendre goût. Merci les gars de nous rendre heureux et fiers. pic.twitter.com/DH6wUTBxp0
— Alain Klajman (@AlainKlajman) September 26, 2025
« Évoluer parmi les 20 meilleurs clubs français reste une réalité »
Vous évoquez le poids de l’histoire. Votre prédécesseur disait régulièrement que la place d’Agen était dans les 20 meilleurs clubs français. L’attente autour du SUA ne vient-elle pas aussi de là ?
« Il y a de ça, même si ces propos datent de 10 ans et que de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Il a même été question d’un projet Agen Tribu champion 2010 ! Tout cela a sûrement contribué à créer cette attente dans l’inconscient collectif mais le SUA ne peut plus tenir cette position qu’il avait il y a 20 ans. Il faut se rendre à l’évidence. En revanche, évoluer parmi les 20 meilleurs clubs français reste une réalité. Cela aurait dû être le cas les deux dernières saisons, le SUA ayant été parmi les 5 plus gros budgets de la Pro D2. »
Agen a terminé 13e, 6e, 13e et 14e sur les quatre dernières saisons de Pro D2. Comment expliquez-vous une telle persistance des mauvais résultats ?
« Plusieurs facteurs se sont télescopés. Il y a d’abord eu la descente de Top 14 très difficile. C’était un jour sans fin et ce délitement a été terrible. On a payé longtemps cette situation très lourde, anxiogène, qui a marqué durablement les joueurs et les a installés dans une culture de la défaite. Il y a eu ensuite eu le départ de toute une génération. J’ai quand même perdu 19 joueurs en deux saisons. Les remplacer a été compliqué et on a perdu de l’identité. On a aussi eu deux ou trois managements qui n’ont pas été à la hauteur et n’ont pas su tirer la quintessence du groupe. »
L’idée de recruter Sébastien Calvet l’an dernier, qui avait eu des résultats avec France U20 paraissait pourtant bonne de base…
« C’est vrai que tout le monde était plutôt d’accord sur le recrutement de Sébastien, même si j’étais quand même un peu plus mitigé car je le connaissais et je savais aussi qu’avoir une sélection de jeunes et entraîner un groupe professionnel au quotidien étaient deux choses différentes. Cela demande du management, que ce soit avec les joueurs et le staff. Avec le recul, je dirais que Sébastien manquait d’expérience là-dessus.
« Quand 90% des joueurs ne croient pas en leur entraîneur, c’est trop difficile »
Et ?
« Malheureusement, les choses n’ont pas fonctionné. Les joueurs n’ont pas adhéré au bout d’un certain temps. Un entraîneur doit emmener les joueurs avec lui, c’est la loi du sport. Quand on perd le vestiaire, c’est très compliqué. J’étais prêt à prendre des décisions pour l’aider car certains joueurs peuvent être ‘coquins’ mais quand 90% des joueurs ne croient pas en leur entraîneur, qui est censé être un guide, c’est trop difficile. »
Quelle posture doit tenir un président quand le bateau tangue à ce point ?
« C’est dur. Il faut essayer de montrer une attitude positive, ce qui n’est pas toujours facile. C’est même un exercice difficile quand on ne croit pas soi-même à certaines choses. On a aussi beaucoup de détracteurs quand ça ne va pas. Tout un tas de gens à l’affût qui ont des solutions toutes prêtes mais ne sont pas les payeurs. J’avais pris la décision de prendre du recul sur la partie sportive et de laisser les manettes à Sébastien. Ça n’a pas marché et quand j’ai compris qu’il avait perdu son vestiaire, j’ai dû remettre les mains dans le cambouis pour m’assurer que les joueurs fassent le minimum pour qu’on se maintienne.
Quelle soirée encore à Armandie 🔥💙 pic.twitter.com/mzZpbYtmRa
— Agen Rugby – SUA LG (@agen_rugby) September 11, 2025
Comment êtes-vous sorti mentalement de cet épisode ?
« À la fois rincé et soulagé. J’étais aussi content de retrouver Mauricio Reggiardo qui est un ami proche. Il devait venir quoiqu’il arrive, dans une position de directeur sportif mais les choses se sont passées différemment avec le départ de Sébastien. Pour ce qui est des joueurs, je les ai suivis, on s’est dit des choses et je crois qu’ils ont envie de montrer un autre visage. Même si la saison est encore longue, le démarrage est quand même bon. »
« On a la capacité de figurer parmi les 8-10 premières équipes de Pro D2 sans trop de difficultés »
La claque reçue à Nevers lors de la 1ère journée (54-17) ne vous a-t-elle pas fait douter ?
« Le retour de Nevers a été rude ! Et c’est vrai qu’il m’a rappelé quelques retours du même acabit la saison passée. Mais le contexte était particulier car on avait eu une épidémie de gastro durant la semaine et également un incident extra-sportif touchant l’un des nôtres. »
La Pro D2 s’est encore densifiée cette année avec des locomotives comme Vannes ou Brive qui paraissent très lourdement armées. Comment vous situez-vous par rapport à ces cadors ?
« Financièrement, on est dans ces 5-6 clubs de la partie haute. On a un soutien important des partenaires privés, un peu moins des collectivités puisque l’agglomération, qui était le plus gros partenaire du club, nous a lâché cette année, un mois avant le début de la saison, en baissant son soutien de 35%. Le message n’est pas bon. Pour ce qui est des objectifs sportifs, je n’ai pas voulu faire ce qui avait été fait l’an dernier, où ils avaient affiché l’objectif de se qualifier. Ce n’est pas l’objectif aujourd’hui même si l’appétit vient en mangeant. Ce qui est certain, c’est qu’on a la capacité de figurer parmi les 8-10 premières équipes de Pro D2 sans trop de difficultés. Notre objectif est de faire une belle saison et si possible de ramener du monde au stade, car on a perdu 1000 à 2000 spectateurs à cause des mauvais résultats. Ensuite, on verra bien mais je suis rassuré sur la réaction du groupe.
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